Loches Sud Touraine intervient au titre de la gestion des milieux aquatiques et de la prévention des inondations pour effectuer des actions et travaux d’ampleur. Comment se traduit cette compétence ? J.-L. Robin : Après nous être focalisés sur la restauration des cours d’eau, nous réalisons aujourd’hui des actions d’aménagement sur nos quatre bassins versants. Il est ici question d’agir sur la quantité mais aussi sur la qualité de l’eau qui arrive jusqu’aux rivières. Nous travaillons avec les agriculteurs et leur chambre consulaire notamment pour adapter le territoire aux effets du dérèglement climatique. Ce sont ces professionnels qui voient en premier ses conséquences car ils sont au plus près du terrain. Nous comptons également sensibiliser la population sur ce sujet. Vous pensez également aux propriétaires-riverains des cours d’eau ? J.-L. Robin : Oui. Je tiens à rappeler que l’entretien courant des rivières, et notamment la végétation des berges, leur incombe jusqu’au milieu du lit, et à eux seuls. Ils ont des droits mais aussi des devoirs. Loches Sud Touraine ne peut s’y substituer. J’invite les riverains qui souhaitent des conseils à contacter notre technicien(ne) référent(e) sur leur bassin. Dans le domaine de la prévention des inondations, qu’en est-il de la gestion des trois digues de Reignac-sur-Indre ? J.-L. Robin : Nous déléguons une partie de notre compétence à l’Établissement Public Loire qui nous accompagne dans la gestion de ces ouvrages au quotidien d’autant plus en période de crue. Signalons que Loches Sud Touraine a instauré une astreinte de ses agents qui a bien fonctionné lors des périodes de crue, en collaboration avec les élus et agents de Reignac-sur-Indre. La protection de la population et des biens reste notre priorité. L’ensemble des actions du service milieux aquatiques est inscrit au sein d'Accords de Territoire pluriannuels cofinancés par différents partenaires, dont l’Union européenne, l’Agence de l’eau LoireBretagne, la Région Centre-Val de Loire et le Département d’Indre-et-Loire. Le contexte économique tendu n’est-il pas en train de rebattre les cartes ? J.-L. Robin : Tout le monde parle de baisse de subventions, sans connaître leur importance ni leur durée à cette heure. Vous le savez, le budget 2025 de Loches Sud Touraine est davantage contraint. Nous sommes amenés à prioriser les projets. Jusque-là, ceux-ci étaient financés à 80 %, voire totalement, par nos partenaires. Le prélèvement d’une « taxe GEMAPI » est-il à l’ordre du jour ? J.-L. Robin : Nous pourrions envisager de lever la taxe « gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations » à cet effet, mais ce n’est pas d’actualité pour le moment. Allez-vous chercher de nouvelles pistes de financement pour assurer ces différents travaux ? J.-L. Robin : Nous allons élargir nos recherches, notamment vers d’autres partenaires, voire vers le secteur privé. Ces nouvelles difficultés financières constituent un nouveau défi à relever pour mettre en œuvre nos actions au plus près du territoire et au bénéfice des habitants. la parole à ... Jean-Louis Robin Vice-Président Loches Sud Touraine en charge des milieux aquatiques et de l'agriculture L’ENTRETIEN COURANT DES RIVIÈRES, ET NOTAMMENT LA VÉGÉTATION DES BERGES, INCOMBE AUX RIVERAINS ET À EUX SEULS. La gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI) est une compétence obligatoire confiée aux intercommunalités. Loches Sud Touraine l’exerce à travers de multiples missions : la renaturation des cours d’eau et l’aménagement des bassins versants de l’Indre, l’Indrois, la Claise et l’Esvesmais aussi la protection et la restauration des zones humides comme les Prairies du Roy à Loches, Beaulieu-lès-Loches et Perrusson ou encore la défense contre les inondations avec la gestion du système d’endiguement de Reignac-sur-Indre. Fonctions biologiques essentielles Les collectivités ont hérité des profondes transformations opérées après la Seconde Guerre mondiale pour faire de la France une grande puissance agricole. Au programme : mécanisation des campagnes, augmentation des rendements et aménagement du territoire via les remembrements. « Dans le but d’assainir les terres riveraines et limiter les inondations, le lit des rivières a été recalibré, curé et rectifié pour chasser l’eau rapidement vers l’aval lors d’une crue, explique Yohann Sionneau, responsable du service GEMAPI. Malheureusement, il apparait que cette focalisation de l’époque sur les seuls aspects hydrauliques s’est faite au détriment des fonctions biologiques des cours d’eau : détérioration et banalisation des habitats aquatiques et des berges qui sont des réserves de biodiversité, modification du fonctionnement du cours d’eau et de ses relations avec la nappe qui participent à l’épuration et au stockage naturel de l’eau… pourtant essentielles dans un contexte de dérèglement climatique. » Des impacts positifs à long terme L’équipe de 5 techniciens a bien conscience qu’il est difficile de revenir sur l’existant. Pour autant, pour répondre aux directives de l’Union européenne, leur objectif est de rendre leur bonne santé aux cours d’eau. « Avec nos moyens, nous recréons un fonctionnement hydromorphologique, écologique diversifié et, si cela est possible, nous redonnons aux cours d’eau leurs méandres d’origine. » Les travaux réalisés à Ligueil sur l’Esves en sont un bon exemple même si la patience est de mise pour apprécier la portée des actions de Loches Sud Touraine sur ces milieux qui réagissent sur un temps long. Zones humides, zones utiles Néanmoins, il reste essentiel d’agir en encourageant les « solutions fondées sur la nature », autrement dit, en développant des actions qui s’appuient sur les écosystèmes pour relever les défis que pose le dérèglement climatique. Exemple avec la protection des zones humides : ces zones tampons ralentissent les crues et permettent, telles des éponges, de stocker l’eau rendue ensuite aux rivières lorsqu’elle manque. « Ces zones en voie de disparition permettent d’amortir les à-coups hydrauliques, d’épurer naturellement l’eau, de stocker du carbone et sont un refuge pour la biodiversité. » Le service s’emploie à les inventorier, les étudier pour ensuite engager des actions de restauration et qu’elles retrouvent ainsi toutes leurs fonctionnalités. La nature, un partenaire gagnant « Nos interventions sont parfois mal comprises. À nous d'expliquer comment rendre sa place à la nature est une opération gagnant-gagnant», exprime Yohann Sionneau. Preuve en est le 1er prix des pratiques agroécologiques remporté par Cédric Joubert lors du dernier Salon de l’agriculture. En faisant pâturer ses vaches Angus dans la vaste zone humide des Prairies du Roy, gérée par Loches Sud Touraine, l’éleveur primé joue un rôle essentiel dans la préservation de ce milieu riche en biodiversité, zone naturelle d’expansion des crues de l’Indre. engagés 7 en commun • été 2025
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