solutions locales De la fourche à l’assiette, dans la même Charrette Pour favoriser l’émergence d’une vraie filière alimentaire locale, la Communauté de Communes Loches Sud Touraine fait appel depuis quelques mois aux services du réseau La Charrette, une plateforme interactive qui fait « matcher » producteurs, distributeurs et acteurs de la restauration collective. PROJET ALIMENTAIRE TERRITORIAL Le local, tout le monde trouve ça très bien. Mais dans les cuisines des Français, les produits locaux ne se bousculent pas. « Sur notre territoire, 80 % des gens vont principalement faire leurs courses en moyenne ou en grande surface », illustre Sophie Levasseur, chargée de mission agriculture et alimentation à Loches Sud Touraine. Cela n’interdit pas de se fournir en produits locaux, car des magasins jouent le jeu (voir encadré), mais ce n’est pas tout à fait la motivation première quand on sollicite la grande distribution. Favoriser le local est un acte citoyen, mais aussi un acte politique : à leurs niveaux, les collectivités peuvent encourager la consommation locale. C’est ce que fait la Communauté de Communes qui, dans le cadre de son Projet Alimentaire Territorial (PAT), organise par exemple des réunions d’information afin de faire se rencontrer les acteurs de la filière (producteurs, distributeurs…) et impulser des échanges, notamment entre agriculteurs et cantines scolaires municipales. En Sud Touraine, de nombreux restaurants scolaires cuisinent sur place en tentant de s’approvisionner localement. Qui fait quoi, et où ? Arboriculteur à Bossay-sur-Claise, Tony Debas livre une petite partie de sa production à la cantine scolaire d’Yzeures-sur-Creuse. « Quand elle me prend pour 50 € de pommes ; je ne m’y retrouve pas vraiment financièrement, mais participer à l’éducation des gamins, ça fait partie de nos valeurs », explique ce producteur. Grâce au réseau que Loches Sud Touraine impulse, Tony Debas a trouvé dans le magasin Saveurs Lochoises un autre débouché local. Mais ça n’est pas encore assez : « si j’en avais assez dans le Lochois, je n’irais pas livrer jusqu’à Tours ! », dit-il. Pour vendre sa production, il doit donc prendre la route, tout comme son confrère Guillaume Brisard, agriculteur bio à Saint-Branchs, qui charge sa camionnette deux jours par semaine, les mardis et jeudis, pour aller faire le tour des popotes. Il fournit la cantine scolaire de Manthelan, ainsi que d’autres magasins qui lui ont passé commande, jusqu’à Tours, Amboise ou Chinon. Pour un producteur, dont le métier premier est de produire, distribuer sa marchandise s’avère très chronophage et peut engendrer des coûts importants. Site de rencontres Pour accompagner ces producteurs, la Communauté de Communes s’est tournée vers le réseau La Charrette, une structure qui œuvre dans le champ de l’économie sociale et solidaire. Créée à Lyon, cette entreprise existe depuis 2016. Elle proposait d’abord une plateforme numérique qui permettait aux producteurs de faire de la co-livraison. « Mais une fois qu’ils étaient mis en relation, ils n’avaient plus besoin de nous », explique Laura Giachiero, co-fondatrice de La Charrette. En 2019, le service s’est donc enrichi d’une nouvelle offre avec l’intégration à cette plateforme des cantines, restaurateurs, grossistes ou logisticiens. En résumé, La Charrette est passée d’un BlaBlaCar des producteurs à un vrai « site de rencontres » : producteurs, acheteurs pro et logisticiens se voient sur une carte et s’écrivent par affinités, parcours logistiques, offres et besoins spécifiques. En Indre-et-Loire, le réseau La Charrette compte déjà environ 80 membres actifs. « L’idée est évidemment d’attirer le plus de professionnels possible pour augmenter les connexions et favoriser, in fine, le développement de l’alimentation locale », explique Sophie Levasseur. Guillaume Brisard, arboriculteur à Saint-Branchs et Sophie Levasseur, chargée de mission agriculture et alimentation à Loches Sud Touraine. agir ensemble 8 Citoyens, mairies, associations, partenaires : tous moteurs du Sud Touraine !
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